Sorti en 2004, le livre Les féministes et le garçon arabe parlait d'une figure stéréotypée, sexualisée et racialisée, qui faisait la une des journaux et suscitait l'émoi sur les plateaux télé. Depuis lors, elle a prospéré parce qu'elle sert un récit qui culmine dans l'obsession du grand remplacement. Ce récit continue d'infuser dans la société française car il sert une islamophobie toujours en quête de bouc émissaire. Chaque mort d'un jeune arabe ou noir aux mains de la police le rappelle avec brutalité, chaque cran vers plus de fascisme en donne la mesure. Il s'exporte aussi en Europe et au-delà, contribuant à la déshumanisation des Arabes partout, et tout particulièrement en Palestine. Prospérant aussi sur les réseaux sociaux, le garçon arabe y est concurrencé par la beurette, son indispensable acolyte, qui le surpasse par une représentation outrancière et hypersexualisée.



Vingt ans plus tard, que nous inspire cette figure et ses doubles, que reste-t-il à penser et à comprendre de sa persistance rétinienne et imaginaire ? Cette rencontre autour de son auteure, Nacira Guénif, et ses lecteurices au fil des années, invite à partager et réfléchir à son actualité, au-delà du stéréotype.