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Synopsis Quatre Algériens nous racontent leurs rapports avec les Pieds-noirs, ces Européens et Juifs qui ont quitté en masse le bord sud de la Méditerranée en 1962, à l'Indépendance. De Skikda et Constantine dans l'Est, à Oran dans l'Ouest, d'histoires de musique à des récits de massacres: quatre destins dramatiques. Et un retour sur les années de la libération nationale, très loin des clichés sur la guerre d'Algérie. Par un cinéaste que passionne l'histoire de son pays. 43 ans après l'exode massif des Juifs et des Pieds-noirs, consécutif à l'avènement de l'indépendance de l'Algérie en 1962, que reste-t-il de cette cohabitation dans la mémoire des Algériens d'origine berbéro-arabo-musulmane ? Quatre personnages en quête d'une vérité sur leur propre vie, reviennent sur leur enfance durant les années de guerre qui furent aussi les dernières décennies de la colonisation française... En retournant vers leurs origines, d'est en ouest, de Skikda à Oran, du début à la fin de la guerre d'indépendance, ils reconstituent un portrait inédit de l'Absent... Méfiance, peur et malheur, les relations intercommunautaires n'ont-elles pas été aussi attraction, respect, reconnaissance et souvenirs heureux ? Malgré les discriminations et les dégâts du colonialisme, un nouveau corps fait d'emprunts mutuels n'avait-il pas commencé à se constituer, à l'insu même de ses différentes composantes ? Entre haines et fraternités, avec nos quatre personnages nous refaisons le cheminement universel de la tragédie, lorsqu'aux protagonistes, le dénouement semble s'imposer. Langue v.o : français, arabe; s-t. français, anglais Montage Kahena Attia Images : Othmane Abbane Son : Mohamed Redha Belazougui Musique : Hayet Ayad Producteurs: Jean-Pierre Lledo, Edouard Mauriat Production : Mille et Une Productions Co-production : Naouel Films Distributeur suisse : World-Dreams SA *** Ce film a d'abord porté le titre : "Ne restent dans l'Oued que ses galets" *** Après 3 années de travail - écriture, repérages, une année de tournage et près d'une année de montage - je tenais par dessus tout à ce que mon dernier film, "Ne restent dans l'Oued que ses galets" sorte prioritairement en Algérie, en avant-première mondiale. Après "Un Rêve Algérien" (2003) et "Algéries, mes fantômes" (2004), ce nouveau film - sans aucune préméditation - clôt pour moi une sorte de trilogie d'exil, qui a pour unité temporelle l'Histoire coloniale algéro-française, pour approche la fraternité et pour sujet principal la mémoire et l'identité. Ces 3 films essaient tous de répondre à la même question de l'Echec d'une Algérie qui en devenant indépendante n'a pas pu, (su ?) rester multiethnique et multiculturelle, puisqu'en 1962 la quasi-totalité de la population d'origine juive et chrétienne quitte précipitamment son pays. Avec les 4 personnages principaux, mes alter ego, nous tentons d'affronter la tâche qui attend les représentants de toutes les communautés du monde qui se sont fait la guerre, et notamment "les intellectuels" : revenir sur l'histoire de nos pères, sans animosité mais aussi sans œillère... L'existence même de ce film prouve que notre génération commence à sortir de la vision raciale ou/et religieuse des rapports entre les gens... Au moment où dans mon pays et ailleurs, on s'autorise à tuer sans état d'âme, j'aimerais surtout que "Ne restent dans l'Oued que ses galets" soit un appel à la non-violence, un appel à inventer de nouvelles manières de "changer le monde", une nouvelle éthique, une nouvelle pensée, dont le principe premier serait l'inviolabilité de la personne humaine, y compris celle de l'adversaire. J'espère aussi que ce film aide les jeunes générations à mieux penser leurs avenirs métissés, qu'il concernera tous ceux qui dans le monde sont les héritiers d'histoires violentes, lesquels confrontés aux mêmes traumatismes, questions, silences, ont le même besoin vital de vérité. Jean-Pierre Lledo *** "Un Rêve algérien", qui évoque la pratique de la torture de l'armée française durant la Bataille d'Alger, met en valeur le fait que dans la famille politique d'Henri Alleg, la famille communiste, le métissage communautaire était la preuve qu'une Algérie libre était possible où auraient vécu ensemble Musulmans, Juifs, Chrétiens et non-croyants. Ce film se terminait par une question : "L'Algérie est devenue indépendante, pourquoi n'a-elle pu être aussi fraternelle ?" "Ne restent dans l'Oued que ses galets", [...] est un essai de réponse à cette question. Il pose le problème de l'Exode de la population dite "européenne" (pieds-noirs) et juive, soit plus d'un million de personnes, arrachés brutalement à ce qu'ils considéraient comme leur pays, et qu'ils considèrent toujours comme leur pays : ce déplacement de population a été un des plus importants de l'Histoire. - Cet Exode, selon moi, ne peut être considéré comme une Victoire du Mouvement national, mais comme un échec. L'ANC, dirigée par Nelson Mandla en Afrique du Sud, a fait la preuve que l'on pouvait mettre fin à un système raciste sans mettre fin à la cohabitation communautaire. Je considère que le métissage est une chance pour tous les peuples et non une tare, et que l'Exode a donc dépossédé notre pays d'une richesse qui aujourd'hui paradoxalement est devenu la propriété de la France où habitent près de 5 Millions d'Algériens, ou Français d'origine algérienne ! - Mon essai cinématographique est fondé sur une manière de pratiquer le documentaire qui est la mienne depuis plus d'une décennie, et qui consiste à refuser les paroles stéréotypées du discours officiel des "chefs", et à ne faire confiance qu'aux récits d'individus. Et mon travail, dans ce film consiste à suivre 4 personnages d'origine arabo-berbéro-musulmane qui en revenant sur les traces de cet Absent d'origine judéo-chrétien, revisite leur propre enfance durant la guerre d'indépendance, et les drames personnels et collectifs. - Les 4 histoires de ce film montrent que contrairement à ce qui s'est souvent dit tant en France qu'en Algérie, la violence intercommunautaire n'a pas été la règle, mais l'exception, des exceptions qui certes se sont multipliées durant la guerre 54-62. - Le film, au travers de ces 4 histoires, pose aussi certes pour la première fois dans le cinéma algérien les questions suivantes : Pourquoi le 20 Aôut 1955, l'ALN a-t-elle désigné le "gaouri" comme l'ennemi à abattre ? Pourquoi durant la Bataille d'Alger, le "gaouri" a été visé en tant que tel, au facies, par des bombes, au lieu par exemple des institutions militaires ? Pourquoi à Constantine, le Maître juif de musique andalouse Raymond assassiné le 22 Juin 1961, n'est pas représenté sur un Mur du Centre-ville, aux côtés des 5 autres Maîtres musulmans du malouf, dont certains furent ses amis ? Pourquoi le 5 Juillet 1962 à Oran, à Oran uniquement dans toute l'Algérie, dans presque tous les quartiers d'Oran, et au même moment, du matin au soir, a-t-on massacré les "gaouri" au facies ? Beaucoup d'Algériens se sont déjà posées ces questions (le Congrès de la Soummam en 1956 avait critiqué les exactions contre les civils) et continuent de se les poser. - En les posant à mon tour, par le biais du cinéma, je ne considère pas porter du tort à mon pays. Au contraire. Vider les poches de pus que portent en elles toutes les sociétés du monde a toujours été une œuvre de salubrité publique. L'Algérie, comme d'autres pays a eu ses histoires sombres. Pas plus que les cinéastes français ne ternissent l'image de la France, lorsqu'ils évoquent la torture durant la guerre en Algérie, ou les autres côtés sombres de l'Histoire de leur pays, je ne considère avoir terni l'image du mien. Laisser aux autres le soin d'évoquer nos ombres, c'est cela qui affaiblit notre pays. Je ne considère pas que le devoir des intellectuels de tous les pays soit de sacraliser ou de glorifier ses chefs, ou de renforcer les Mythes. Ceux qui le font ne rendent service qu'aux chefs, non à leur peuple. Extraits d'un communiqué de J-P. LLEDO daté du 03 juillet 2007 *** El Watan : édition du 3 juillet 2007 > Culture Documentaire de Lledo Projections privées Le réalisateur Jean Pierre Lledo a fini par recourir à des projections privées pour montrer son film documentaire intitulé "Ne reste dans l'oued que ses galets". Trois séances organisées vendredi et samedi, réunissant lors de chaque projection une quarantaine de personnes, ont permis à un public d'invités de découvrir le documentaire qui a déjà fait couler beaucoup d'encre avant que son contenu ne soit connu. Le film d'une durée de trois heures revient avec des témoignages d'Algériens vivant actuellement en Algérie sur des périodes douloureuses de la lutte de Libération nationale en s'attaquant à un tabou jusque-là inviolé : la guerre d'Algérie n'a pas fait des victimes uniquement du côté des colonisés. De nombreux civils d'origine européenne dont des femmes, des enfants et des vieillards sont tombés soit lors d'attentats à la bombe perpétrés dans des lieux publics, soit lors de massacres à grande échelle, comme ce fut le cas lors des événements du 20 août 1955 dans la région de Skikda ou en juillet 1962 dans certains quartiers de la ville d'Oran. Et, fait encore plus regrettable, certains parmi ces derniers vivaient en bonne intelligence avec les musulmans, voire ont soit protégé des musulmans, soit aidé d'une manière ou d'une autre la révolution. Une autre partie du film aborde, mais sans le percer, le mystère de l'assassinat du chanteur constantinois d'origine juive Raymond Leyris qui a été tué d'une balle dans la tête à Constantine en 1961. J. P. Lledo est le premier réalisateur algérien à oser aborder des sujets qui fâchent parce qu'ils évoquent des aspects de la révolution qui sont occultés depuis l'indépendance. Le film, notamment concernant les événements de Skikda d'août 55 et d'Oran le 5 juillet 1962, n'hésite pas à parler, à travers les témoignages, de l'implication des responsables locaux (Zighoud Youcef pour le cas de Skikda) dans le terrible sort fait à la population d'origine européenne. Avant le début de la projection, J. P. Lledo a pris la parole pour faire un rappel du conflit qui l'oppose depuis près de trois semaines aux responsables de la manifestation culturelle Alger, capitale de la culture arabe représentant le ministère dirigé par Mme Khalida Toumi. La projection de samedi a été suivie d'un débat durant lequel le documentaire a été soumis à des critiques parfois assez sévères qui ont porté aussi bien sur le contenu que sur la manière avec laquelle a été mené le film. Ce que l'on peut retenir notamment des réactions de ceux qui ont vu le film, c'est que les autorités n'avaient pas à se substituer au public en recourant à la détestable pratique de la censure. Ahmed Ancer Festival de Toronto | TORONTO, Canada sélection Festival d'Amiens | AMIENS, France sélection 2008 | FIFF - Festival International de Films de Fribourg | FRIBOURG, Suisse | www.fiff.ch * Première Suisse Longs métrages hors compétition
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