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"Le Cinéma des indépendances" : Gaelle Le Roy, Amina Ndiaye Leclerc & Jihan El-Tahri

Dans le cadre du Congrès des Études africaines en France "Recherches et débats : réinventer l'Afrique ?", qui a lieu au CEAN/IEP de Bordeaux les 6-7-8 septembre 2010, organisé par le CNRS. En présence des cinéastes Amina Ndiaye Leclerc & Gaelle Le Roy
  • Le Cinéma des indépendances : Gaelle Le Roy, Amina [...]
© Guelwaar Production
Genre : Programme | Bordeaux

Du lundi 06 au mardi 07 septembre 2010

Horaires : 00:00
Pays principal concerné : Rubrique : Cinéma/tv, Littérature / édition, Histoire/société

Dans le cadre du 2ème Congrès des Études africaines en France "Recherches et débats : réinventer l'Afrique ?", qui a lieu au CEAN/IEP de Bordeaux les 6-7-8 septembre 2010, organisé par le CNRS, l'atelier "Le Cinéma des indépendances" - en collaboration avec l'Union des Travailleurs Sénégalais en France (UTSF - Gironde), Survie Gironde et Cinéma Africain Promotion, en présence de Gaelle Le Roy et Amina Ndiaye Leclerc, cinéastes - vous propose 3 films autour de la colonisation et des indépendances africaines.

Les cinémas africains (le pluriel est important) ont essayé dès leur début de traduire l'horreur coloniale et les erreurs des "pères des indépendances". La guerre était rude : films et discours coloniaux avaient puissamment créé une "image-Afrique" (selon le mot de Paul Landau, Images & Empires, 2002) qu'il convenait de déconstruire.
Exit l'Afrique sans art, sans philosophie, sans civilisation ? Est-elle chassée l'image d'une Afrique "pas encore assez entrée dans l'histoire" - selon le mot lancé en 2007 à Dakar ? Est-elle chassée l'image d'une Afrique dont le climat justifierait toute folie ?
Pas sûr, car il n'est pas possible d'occulter les épigones, dont le Président-poète (Senghor pour ne pas le nommer : "l'émotion est nègre et la raison hellène"). De plus, ni le cinéma ni aussi désormais la télévision n'abandonnent guère l'image d'un continent mortifère, sauvage.
L'Afrique anté-coloniale, la décivilisation des "civilisateurs" auto-proclamés (la pacification coloniale n'était pas pacifique), la promotion de modèles sociétaux, la critique de la perpétuation d'un esclavage mental, sont autant de chantiers pour des cinémas africains tenaillés par les politiques et les financeurs (souvent la même entité). Engager une telle réflexion au cœur d'un ville négrière et coloniale comme Bordeaux prouve que convier le monde à regarder l'Afrique (se) regarder (et) le monde n'est plus une gageure.

À l'invitation d'Alain Ricard (Llacan, CNRS*) et Elizabeth Vignati (Directrice du Congrès 2010), nous offrons ici trois films exceptionnels par leur amplitude et leur force. Évider les fils de l'histoire permet de mieux tricoter (au sens psychanalytique du terme) le présent sinon le futur, afin de faire place à la résilience. C'est une lecture neuve et unique des résistances face à la violence militaro-psychologique des colons et de leurs épigones. Loin d'une Afrique amorphe violée par le joug colonial qui l'aurait ensuite libérée, on a ici la réalité passionnante et fouillée de l'histoire avec un petit "h" c'est-à-dire par tout ce qu'elle implique d'humain. C'est une histoire postcoloniale : au-delà du colonial. La difficulté à faire de tels films n'a d'égal que les médiocres tentatives de vouloir fabriquer une mémoire unilatérale (Pierre Nora, Max Gallo ou Olivier Pétré-Grenouilleau en sont les exemples les plus flagrantes). Derrière le discours éculé de "la grandeur de la France", la réalité est moins rose : les anciens combattants africains qui se sont battus contre le nazisme essuyeront parfois le feu des alliés, à Thiaroye, Sétif, Madagascar... Sans acrimonie, ces films nous donnent les moyens d'interroger l'histoire.

Thierno I. DIA,
Atelier "Le Cinéma des indépendances"



Les projections (Lundi 6 et Mardi 7 septembre)
au Cinéma Utopia de Bordeaux

Lundi 06 septembre 2010, à 18h30
Cameroun, Autopsie d'une indépendance,
documentaire, 2008, 52 min, réalisé par Gaelle Le Roy et Valérie Osouf.
(projection-débat animée par la co-réalisatrice Gaelle Le Roy)
Colonisé par l'Allemagne puis sous mandats de la France et de l'Angleterre, le Cameroun aura tout connu : bombardements sauvages, têtes coupées et exhibées par les colons pour taire toute opposition, au nom de ce que l'universitaire haïtien Rafaël Lucas appelle "la pédagogie de la violence". Quant au présent, elle se résume en 50 ans à 2 présidents d'une fidélité irraisonnée à la France : Amadou Ahidjio et son dauphin Paul Biya (venu en 2009 faire du tourisme culturel à Bordeaux aux côtés d'Alain Juppé, pendant que Lapiro Manga, chanteur engagé, était en geôles).
La France a-t-elle employé du napalm ? Pierre Messmer, témoin dans le film, répond gaillardement : "c'est un détail". La barbarie éprouvée en Algérie et Indochine sera "perfectionnée" au Cameroun par les mêmes (Général Max Briand, dit le Viking"…) puis exportée en Amérique Latine ou au Rwanda. Ce film est d'une densité extrêmement forte. Pourtant un embargo féroce existe : le dossier de l'expédition militaire au Cameroun reste classé secret défense en France pour cent vingt ans…
Pour la Fondation Moumié "cette "Ligne Maginot Historique" [...] d'un autre temps [...] empêche à l'Afrique de faire complètement son deuil de cet épisode douloureux." Pour les pays colonisateurs aussi.



Lundi 06 septembre 2010, à 20h30
Valdiodio Ndiaye et l'indépendance du Sénégal

documentaire, 2001, 52 min, réalisé par Amina Ndiaye Leclerc et Éric Cloué
(projection-débat animée par la co-réalisatrice Amina Ndiaye Leclerc)
Sénégal, 26 août 1958 : sur la place Protêt (rebaptisé place de l'indépendance, jusqu'à la décision d'avril 2010 de la Mairie de Dakar donnant le nom Place Valdiodio Ndiaye) De Gaulle fait face à une population qui exige l'indépendance immédiate. Senghor et Mamadou Dia (président et Vice-Président) se font porter absents pour ce moment crucial. Valdiodio Ndiaye, ministre de l'intérieur, refuse de rester dans l'Empire français et exige l'indépendance. Une fois le président français parti, Senghor reviendra pour faire campagne... contre l'indépendance, en coalition avec les marabouts. Au Sénégal, comme dans de nombreux pays, ce sont ceux-là même qui ne voudront pas de l'indépendance qui s'en proclameront les pères (Senghor, Houphouët-Boigny, Yaméogo, Eyadéma, Bongo...). Avec son coréalisateur, Amina Ndiaye Leclerc construit ici un film tenu de bout en bout par la rigueur et l'émotion en analysant la violence symbolique avec comme témoins l'historien Mamadou Diouf, les rappeurs de Daara Ji et des citoyens lambdas, pour instaurer une contre-écriture de l'histoire par le bas.


Mardi 07 septembre 2010, à 18h30
Cuba, une odyssée africaine

documentaire, 2001, 120 min, réalisé par Jihan El-Tahri, Egypte/France
(projection présentée par Thierno I. DIA)
Entre 1960 et 1995, Cuba aura envoyé des centaines de milliers d'hommes sur le continent (dont une bonne part d'Afro-Cubains et surtout sa figure légendaire : Che Guevara en personne qui y prendra un nom de code en swahili, langue majoritaire en Afrique de l'Est). Arrivant trop tard pour sauver Lumumba, ils combattront avec Kabila, ils seront la bête noire des impérialistes sur presque toute l'étendue de l'Afrique subsaharienne. Ils exigeront la libération de Mandela contre le retrait de la Namibie. La réalisatrice franco-egyptienne réussit un film extrêmement solide par son écriture, la qualité des témoins (responsables militaires afro-cubains de l'époque, ainsi que Fidel Castro lui-même, avant sa maladie) et ses archives exceptionnelles. Elle sort de l'ombre cette politique de coalition entre peuples du Sud visant à ériger un monde équitable et libre pour tous.


Atelier organisé avec le soutien et la collaboration de
Alain Ricard (Llacan, CNRS)
Ute Fendler (Université de Bayreuth)
Kathleen Gyssels (Université d'Anvers)
Dominique Chancé (Bordeaux 3)
Elizabeth Vignati (Directrice du Congrès 2010)

Les membres de l'atelier "Le Cinéma des indépendances"
* Amina Ndiaye Leclerc, cinéaste
* Gaelle Le Roy, cinéaste
* Antoinette Tidjani-Alou, Université de Niamey, Niger
* Viviane Azarian, Université de Bayreuth, Allemagne
* Louis Ndong, Université de Bayreuth, Allemagne
* Dragoss Ouédraogo, Universités de Bordeaux 2 et Bordeaux 3, cinéaste
Atelier dirigé par Thierno I. DIA, Université de Bordeaux 3


Recherches et débats : réinventer l'Afrique ?
2e congrès du Réseau des Etudes africaines en France
6-7-8 septembre 2010 - Université de Bordeaux
CEAN - IEP de Bordeaux

rtpafrique2010@sciencespobordeaux.fr
-
Séances inaugurales et plénières au Conseil Régional d'Aquitaine
Hôtel de Région - 14 Rue François de Sourdis - Bordeaux
lundi 6 septembre 9 h



RTP Afrique 2010
Quatre ans après, dans la continuité du RTP de 2006, une deuxième rencontre du groupe sera accueillie à Bordeaux Les liens que le site bordelais entretient avec l'Afrique sont anciens et profonds - quelles qu'en fussent les formes au cours de l'histoire - et tous les chercheurs spécialistes de l'Afrique connaissent le CEAN. C'est cette institution qui sera chargée de l'organisation du congrès, dont la date est fixée aux 6-7-8 septembre 2010.

Le réseau
Présentation du RTP Etudes africaines

Dans le cadre d'un effort de redéploiement et de réorganisation des Etudes africaines en France, et à la suite des recompositions et fusions de laboratoires, le département SHS du CNRS, en lien avec des acteurs de la recherche sur l'Afrique, a créé un Réseau Thématique pluridisciplinaire (RTP) consacré à l'Afrique.


Plus d'infos
Congrès RTP Afrique 2010 : http://rtpafrique2010.sciencespobordeaux.fr
UTSF Gironde : www.utsf-gironde.org
Survie Gironde : http://surviegironde.blogspot.com
Llacan, CNRS : http://llacan.vjf.cnrs.fr/
Réseau des Etudes africaines en France (RTP Etudes africaines) : www.etudes-africaines.cnrs.fr
CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique - www.cnrs.fr

* CEAN : Centre d'Etude d'Afrique Noire, Sciences Po Bordeaux
* IEP : Institut d'Etudes Politiques
* Llacan, CNRS : Fondé en 1994, le laboratoire Langage, Langues et Cultures d'Afrique Noire (LLACAN, UMR 8135) est une unité mixte de recherche du CNRS et de l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO).



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