"Sous le soleil de Hamid" avec Jean-Xavier Beaumier Stéphanie Bestion-Le Bras, Meriem Gabou Emmanuel Quignon, Pierre Reffé, Thomas Trelohan Décors de Yann Lefeuvre Lumières de Michel Huard

"La compagnie CATIMIMI présentera du 25 avril au 1er mai prochain dans les murs de l'abbaye de Saint Florent-le-Vieil, la ville de Julien Gracq, son spectacle autour de l'oeuvre du poète et écrivain algérien Hamid Skif.
Michèle Fortunato en a signé la mise en scène. Elle explique ici comment est né ce spectacle.
Pour le spectacle que nous créons autour de l'écriture de Hamid Skif, un poète et écrivain algérien qui vit depuis 1997 à Hambourg, nous avons la chance d'être accueillis en résidence par la municipalité de Saint Florent-le-Vieil, ville où vit Julien Gracq.
Cette petite ville, accrochée au bord de la Loire abrite une immense abbaye de plusieurs siècles. C'est ce lieu qui a été transformé en accueil culturel. Il a été inauguré en tant que tel il y a deux ans.
L'adjoint à la culture, M. Serge Paquereau, qui avait vu plusieurs spectacles de notre compagnie, était intéressé par notre travail. La commune de Saint Florent organise tous les mois de juin, Les Orientales, un festival très estimé. Il y a de ce fait, et pour d'autres raisons encore, un intérêt réel pour ce qui se passe ailleurs.

Pourquoi cet auteur ? En tant que metteur en scène, ce qui m'intéresse dans l'oeuvre de Hamid Skif, c'est d'en faire miroiter les différents aspects. Je souhaite que ce spectacle fasse valoir des extraits théâtralisés de ses livres. Il s'inscrit dans la quête artistique autour du mot juste, du geste juste; de la possibilité de se comprendre, de recevoir, de transmettre. Je suis obsédée par la transmission de la mémoire qui, si elle est bien faite, permet de réfléchir et d'avancer plus harmonieusement au sein de notre communauté humaine.
La rencontre avec cette oeuvre m'a poussée à aller plus loinn dans ma propre quête et de lâcher mon point de vue occidental pour reconsidérer mon regard, le déplacer. Je trouve tout cela passionnant.
Il s'agit d'un spectacle respectueux des mots et de l'auteur, mais un spectacle tout de même donc une forme artistique née de la lecture de l'oeuvre, avec des personnages, des gestes, des lumières.
Sur le plateau, six comédiens représentent des personnages diifférents. J'ai construit cette forme en puisant dans l'ensemble des livres de l'auteur et en faisant de Monsieur le Président, le fil rouge du spectacle. Il y a trois nouvelles, quelques poèmes, un petit extrait de La Princesse et le clown.
Ce qui m'a plu, dans cette expérience, c'est de me balader dans la forêt des mots et de raconter tout ce que j'y avais cueilli. Ce que l'on verra sera une infime partie de ce que l'on peut ressentir à la découverte de cette oeuvre.
Dans le lieu où le spectacle se jouera, se tiendra une exposition des oeuvres du peintre Afif Cherfaoui, un ami de Hamid Skif qui vit et travaille en Bretagne. Tous deux sont originaires d'Oran.
Quel a été votre cheminement personnel ? J'ai une formation de musicienne. Pour résumer j'ai eu entre 15 et 30 ans une longue période incertaine de quête et d'errance dont la question centrale était : est-il préférable de vivre en dedans ou en dehors de la société ? Il est pour moi fondamental de souligner cette période car elle recèle l'explication concrète de ce que je suis aujourd'hui. Cette période, véritable trou d'air social, a failli me conduire à bien des extrémités. Le bénéfice de tout cela, c'est que j'ai rencontré des gens tellement différents ! Ce que je veux dire, c'est que mon chemin est passé par l'exploration de moi-même et la remise en cause radicale de ce que j'étais. Bon, tout cela est loin derrière moi maintenant, je suis devenue une femme libre, riche de souvenirs "comme si j'avais mille ans", passionnée, révoltée, éprise d'humanisme et de poésie, absolument déconditionnée du jugement social, n'apportant aucun crédit à l'image que l'on peut donner de soi, reliée à toutes sortes de milieux et de cultures de par les hasards de ma vie. Voilà. J'aime les choses et les gens vrais.
Comment fonctionne la compagnie CATIMIMI ? La création de notre compagnie avec Catherine Gentil remonte à 1997. L'objectif était de fonder un espace ouvert de création intelligente, raisonnée et chaleureuse. Une expérience artistique raffinée est d'abord à mes yeux un exercice sur soi-même avant de se prétendre leçon pour autrui. Aller exactement où l'on doit aller ; c'est tout, sans tapage ni démagogie.
A l'heure actuelle la compagnie a deux régions privilégiées.
Catherine "rayonne" en Vendée, moi-même en Loire-Atlantique. Catherine Gentil est professionnelle, moi amateur pour des raisons financières, un peu aussi par déontologie (quand on ne doit rien à personne, on est plus libre).
Donc, le statut d'amateur me convient parfaitement.. De plus, en ce moment, toute entreprise culturelle en France est devenue une véritable pompe à fric.
Cette chasse à la subvention est un terrible parcours du combattant que la compagnie "branche Loire-Atlantique" n'expérimente que peu ou pas. Nous avons par contre un solide réseau d'amitiés culturelles, humaines et artistiques qui nous emmènent toujours plus loin.
Quel en est le programme ? Les bâtiments sont vastes et permettent d'envisager différentes animations. Tous les jours, de 14h à 15h30, il y aura un atelier théâtre pour les adolescents de 10 à 17 ans. En effet, la municipalité et notre compagnie ont à coeur de ne pas faire de cette semaine une manifestation confidentielle destinée à une "élite" mais un événement "populaire" au bon sens du terme.
Du reste, le spectacle de la soirée est ouvert par une production de quinze minutes offerte par 8 jeunes de quinze ans qui se sont montrés intéressés par l'écriture skifienne.
De 14h à 20h, le public peut s'installer dans une ambiance "orientale" avec thé, pâtisseries, livres à disposition."

Dans la Salle du Chapitre, se tiendra l'exposition Afif Cherfaoui.