Ecrivain et poète marocain, Tahar Ben Jelloun s'est engagé tout au long de sa vie pour des causes politiques ou culturelles.
Collection documentaire "Empreintes"
De Fès à Tanger, en passant par Marseille et Paris, ce documentaire suit les empreintes laissées par l'écrivain franco-marocain Tahar Ben Jelloun. Voyage dans le temps et dans l'espace, dans la vie et dans l'œuvre de l'auteur de L'Enfant de sable, La Nuit sacrée - prix Goncourt 1987 - ou encore Cette aveuglante absence de lumière.
Extraits
Quand on vient d'un pays du tiers-monde, l'écriture peut paraître comme un luxe, mais le silence devient un crime à ce moment-là, parce qu'il y a tellement de choses à dénoncer que le devoir de l'écrivain, c'est d'écrire, de les dire même si son peuple n'est pas capable de les lire. C'est pour ça que je dis que, dans mon pays, les écrivains sont des traducteurs du silence, d'immenses silences, et des traducteurs de clameurs publiques extraordinaires.
La pauvreté dans laquelle nous avons vécu a été une leçon formidable de vie. On voyait que mon père travaillait très, très durement pour nous assurer le minimum et notre rôle, à nous, c'était de nous en sortir par le travail, être de bons élèves, réussir nos examens.
L'école franco-marocaine de Fès était une école où il n'y avait que des Marocains, mais dirigée par des Français. J'adorais m'exprimer en français, parfaire mon expression dans une langue pure et classique, et je ne faisais pas le même effort en arabe, parce que je considérais que l'arabe était quelque chose de donné, d'inné.
Je pense qu'au Maroc il y a des potentialités extraordinaires - économiques, énergétiques - pour qu'on puisse donner du travail aux jeunes. Mais, pour cela, il faudra une véritable révolution sociale dans le pays. On ne peut pas rester comme ça à privilégier ceux qui ont les moyens et à appauvrir ceux qui n'ont rien. Donc l'émigration n'est pas la solution…
Les écrivains ne servent peut-être pas à démolir des dictatures, mais ils gênent les dictateurs et les tyrans. Je pense que les écrivains sont plus en danger dans les pays du tiers-monde que dans les pays européens…
(Après avoir reçu le prix Goncourt.) Il fallait vite aller chez Lipp parce qu'il y avait toute la presse qui attendait là-bas, et moi j'ai dit : "Laissez-moi seul." C'était un moment tellement fort que j'ai pleuré un peu. Je ne pensais pas que ça allait me faire cet effet-là. J'arrivais à une espèce de distinction, de couronnement exceptionnels : le fils de petit épicier qui arrive à Paris, un non-Français - j'étais à l'époque marocain -, qui a pour la première fois dans l'histoire du Goncourt le prix… C'était extraordinaire.
Un film de Thomas Briat
Entretiens par Fouad Laroui
Production : France Télévisions / Électron Libre Production
Collection documentaire en HD
Durée : 52'
Année : 2010
TELEVISIONS
France 5
Diffusion : Vendredi 26 février 2010 à 20.35 (Inédit)
Rediffusion : Dimanche 28 février 2010 à 07.55
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