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Née en 1965 à Brazzaville (Congo) où elle réside, Bill Kouélany est venue à la peinture par hasard : "J'avais d'autres ambitions. Au lycée, j'écrivais et je m'intéressais beaucoup au cinéma, je voulais être réalisatrice. J'avais raté le bac. A ce moment-là, il y avait des ateliers de peinture au CCF de Brazzaville. Ma première expérience commence en 1990 avec la poésie de Tchicaya U Tam'si ; je me suis retrouvée dans cette poésie, peut-être, parce que Tchicaya est un écorché vif. C'est vraiment à partir de ce moment que j'ai commencé à déchirer la toile."
Bill Kouélany est également l'auteur de "Cafard, cafarde", pièce de théâtre lue Théâtre international de langue française à la Villette à Paris.
Elle a exposé en 2001 en résidence de création aux ateliers urbains de Doual'art (Cameroun), en 2002 dans le off de la 5ème Biennale de Dakar avec "les créateurs de l'Afrique centrale", en 2003 dans les CCF de Brassville et Kinshasa, en 2004 en résidence à Nantes dans l'exposition "Beautés d'Afrique".
La sentimentalité des fantômes
Peintre et écrivain, Bill Kouélany met très souvent en ?uvre dans ses travaux plastiques, non parfois sans humour, l'idée ou la traduction violente d'une impossibilité. Orchestrant une matière chaotique, ses peintures renvoient à une exploration intime, questionnant le rapport à soi et à l'autre. Ses toiles sont incisées, arrachées, rapiécées, elles sont l'endroit de la déchirure, elles s'éprouvent comme des peaux.
Bill Kouélany peint et écrit de la même manière que l'on se scrute, au scalpel, promenant ainsi sur elle, un regard narquois et ironique. De l'ordre du bestiaire et du registre de l'animalité, les oeuvres de l'artiste sont le moment où se déploient des forces agissantes et contradictoires, les indéterminations. S'appréhendant comme des textes, ses pièces sont la transcription visuelle des désordres et des tiraillements. La trame captivante où s'affrontent des antagonismes à la fois connus et inconscients.
Peuplées de corps anonymes et sans têtes, elles mettent en scène les spectres d'un théâtre intérieur. Coutures volontairement grossières qui apparaissent telles des cicatrices, collages qui se mêlent aux traits simples et aux couleurs bruts, ces formes sont les traces d'un journal de bord existentiel et amoureux, où s'exacerbe une tension, le désir de joindre ce qui semble inconciliable. L'artiste entreprend sans relâche et presque amusée, la narration fluctuante de ces atermoiements.
Quelques fois, ses peintures font apparaître des silhouettes énigmatiques masculines et féminines, qui se frôlent, se touchent sans se voir. Ordonnant ainsi dans une musique blanche et immobile, un ballet désuet et inéluctable. Les images délicates de la solitude de nos vies secrètes.
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