Ecran noir en prologue : une voix, celle d'un homme, se raconte. Le récit, d'abord individuel, s'amplifie, monte par digressions en un monologue embrassant dans son flot toute une mythologie centrée sur l'être-Noir, aujourd'hui, aux Etats-Unis. Les mots entrent en un dialogue, alternant, schizophrène, du "tu" écrit en carton sur l'écran au "je" énoncé par la voix en off. Elise Florenty, dont on se souvient du beau Gennariello Due Volte (compétition FID 2009), est accompagnée cette fois d'un nouveau complice, Marcel Türkowsky. Tous deux rendent explicite dans ce début de film leur projet : de soi à l'autre, il s'agira de passages et d'échanges, de porosités entre la parole et l'écoute, les figures et les lieux.
Deuxième séquence. Nous sommes quelque part dans un Sud nourri de Faulkner, non loin des contrées du comté imaginaire de Yoknapatawpha, où se déroulent la plupart de ses romans. Il serait vain de tenter de restituer un quelconque récit ici. Le film nous emporte dans un flux de sensations charnelles, de paysages étranges et les séquences s'emboîtent les unes aux autres, distribuant apparitions et disparition selon un mode organique, en un fondu perpétuel. Toutes les images, tous les sons se révèlent hantés, par l'histoire, par la nature, par la littérature aussi. C'est la fabrique d'une fluidité où imaginaire et réel n'ont pas lieu d'être distingués, en vue d'une ode au monde comme l'indique le titre, emprunté au poème Footnote To Howl d'Allen Ginsberg.
Jean-Pierre Rehm (FIDMARSEILLE 2011)
HOLY TIME IN ETERNITY, HOLY ETERNITY IN TIME
Réal: Elise Florenty et Marcel Türkowsky
FRANCE, Couleur, Carte vidéo, 43'
Version originale : Anglais
Image, son et montage: Elise Florenty & Marcel Türkowsky
2011 - FIDMARSEILLE 2011
* SÉLECTION OFFICIELLE / COMPÉTITION FRANÇAISE
* première mondiale
2 fichas